jeudi 26 janvier 2017

Le Corset des Âmes de June Mutti


Pauline se retrouve à l’hôpital pendant six mois après un « mystérieux » accident. Le dos brisé, elle est prisonnière d’un corset imposant. La seule personne à venir la voir est Alain, le meilleur ami de son frère qu’elle n’a pas revu depuis le lycée. Alors qu’un psychiatre vient étudier de plus près le cas de Pauline, Alain est enfermé par hasard, dans les toilettes de la chambre d’hôpital. Il jouera le rôle du voyeur pendant quelques semaines, découvrant à quel point, il est lui-même soumis à l’écrasant « Corset des âmes ». L’idée d’une renaissance se dessine au travers des dialogues piquants des deux protagonistes, truffés de « larmes d’humour ».

Note : 13/20

Un grand merci aux éditions Librinova de m'avoir contactée et proposé de lire ce livre. Je trouvais que le titre était beau et le résumé m'intriguait, j'ai donc commencé ma lecture rapidement.
Le récit commence par un petit prologue qui trace en quelques mots le portrait des deux protagonistes de l'histoire, âgés respectivement de 15 et 18 ans : Pauline et Alain. Pauline est une jeune fille belle et joyeuse, passionnée de littérature et entourée de son frère, Marc, et de deux parents aimants. Selon Alain, le meilleur ami de Marc, leur vie ressemble à "une publicité pour le bonheur", comme le souligne le narrateur.
Mais le chapitre suivant place le lecteur 22 ans après ce prologue idyllique et contraste par sa dureté : Pauline a tenté de se suicider en sautant d'une fenêtre. Elle survit miraculeusement à sa chute mais est alors obligée de porter un corset afin de maintenir son corps cassé en morceaux, un corset qui l'empêche de bouger et qui la cloue dans son lit d'hôpital. Sur la demande de Marc, Alain va donc venir rendre visite à Pauline à l'hôpital de manière assez régulière, ce qui va être l'occasion pour lui de se remettre en question. En lisant le résumé, je pensais que l'histoire serait un huis clos entre Alain, Pauline et le psychiatre, l'action se déroulant uniquement dans la chambre d'hôpital et le récit évoluant en fonction des révélations de Pauline grâce à la psychanalyse. Ce n'est pourtant pas ce qui domine dans le livre. Certes, Alain fait office de voyeur lors des séances de psychanalyse de Pauline mais l'histoire, à ce moment-là, n'avance pas beaucoup : le psychiatre n'arrive pas à communiquer avec Pauline et cette dernière le remballe tout le temps. C'est dans la deuxième partie du livre que l'histoire commence à évoluer et c'est à partir de ce moment que j'ai commencé à apprécier vraiment le livre. Paradoxalement, c'est lorsque Pauline et Alain sont séparés qu'ils vont commencer à se rapprocher l'un de l'autre. En effet, dans ce que j'ai appelé la deuxième partie du roman, Pauline a quitté l'hôpital et vit dans un chalet à Chamonix avec Anne, un médecin qui l'a prise sous son aile. Elle ne voit plus du tout Alain mais se rend compte qu'il a été essentiel à sa convalescence. Petit à petit, grâce à Anne, Pauline parvient à mettre des mots sur sa tentative de suicide et arrive finalement à expliquer son geste. Elle s'ouvre alors de nouveau à la vie, libérée du poids qui pesait sur ses épaules. Alain, de son côté, a également quitté Paris pour Chamonix mais sans le dire à Pauline, qu'il décide de ne plus voir pendant un certain temps. C'est l'occasion pour lui de remettre sa vie en question et de s'avouer les sentiments qu'il ressent pour Pauline.
J'ai beaucoup aimé l'humour présent dans le récit. La formulation dans le résumé (truffé de "larmes d'humour") est vraiment bien trouvée car c'est exactement la sensation que le livre m'a laissée. L'humour est présent par petites touches, juste ce qu'il faut pour ne pas rendre le livre lourd et juste ce qu'il faut pour le rendre acceptable étant donné que c'est souvent de l'humour noir et du cynisme. Il y a aussi un autre type d'humour, l'humour surréaliste qui entoure le personnage d'Alain. J'ai eu un peu de mal au début à cerner ce personnage et ce n'est qu'une fois que j'ai arrêté d'essayer que j'ai commencé à l'apprécier. Pourquoi ai-je considéré qu'Alain était un personnage surréaliste ? Parce qu'il est impossible de comprendre pourquoi il fait telle ou telle chose, il semble être poussé par une force supérieure qui le fait agir sans réfléchir, qui le fait agir selon des pulsions (par exemple lorsqu'il décide de se mettre du rouge à lèvres, du vernis et une barrette dans les cheveux alors qu'il est dans les toilettes de la chambre de Pauline en train d'écouter parler le psychiatre...). C'est néanmoins un personnage touchant, qui a aussi connu des moments difficiles, comme le suicide de sa sœur, et qui doit donc se reconstruire.
Car, au final, tous les protagonistes de l'histoire (surtout Alain et Pauline mais aussi Anne et Marc) ont connu un traumatisme, que chacun a géré (ou non) à sa manière. C'est en étant au contact des autres qu'ils reprennent conscience de leur chance d'être en vie et qu'ils décident d'en profiter, en mettant le passé de côté. C'est Pauline qui a la psychologie la plus développée et c'est le personnage que j'ai le plus apprécié mais le personnage d'Anne était intéressant aussi. Le seul qui n'est pas du tout développé est Marc, ce qui est regrettable.
Et enfin, au niveau de l'écriture, certains passages pourraient quand même être améliorés ou mieux amenés mais dans l'ensemble, le livre est assez court et se lit très facilement.

Ils n'oublièrent jamais ni l'un ni l'autre, leurs retrouvailles. Alain, parce qu'il devait admettre l'amour et sa fragilité. Pauline parce qu'elle devait assumer ses premiers pas vers la liberté.

Votre avis ?

2 commentaires:

  1. Le corset de âmes, je me suis plongée dans cette lecture, car c'est l'écriture de l'âme qui m'a attiré.Tout le long de l'histoire nous sommes bercés par le vide absolu qui s'avère plein d'envie et de Vie.
    Je remercie l'auteur d'avoir osé cette écriture épurée et loin du corset d'autres auteurs plus connus.

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  2. C'est vrai qu'il s'agit d'une écriture bien différente :)

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