Après un drame éprouvant, Jane cherche à tourner la page. Lorsqu’elle découvre le One Folgate Street, elle est conquise par cette maison ultra moderne, chef d’oeuvre de l’architecture minimaliste, parfaite. Mais pour y vivre, il faut se plier aux règles draconiennes imposées par son architecte, Edward Monkford, aussi mystérieux que séduisant. Parmi celles-ci : répondre régulièrement à des questionnaires déconcertants et intrusifs. Peu à peu, Jane acquiert une inquiétante certitude : la maison est pensée pour transformer celui qui y vit. Or elle apprend bientôt qu’Emma, la locataire qui l’a précédée et qui lui ressemble étrangement, y a trouvé une fin tragique.
Alors qu’elle tente de démêler le vrai du faux, Jane s’engage sur la même pente, fait les mêmes choix, croise les mêmes personnes… et vit dans la même terreur que la fille d’avant.
Alors qu’elle tente de démêler le vrai du faux, Jane s’engage sur la même pente, fait les mêmes choix, croise les mêmes personnes… et vit dans la même terreur que la fille d’avant.
Note : 18/20
Lorsque j'ai vu le mail de Netgalley (merci aux éditions Mazarine) qui proposait le thriller "La fille d'avant", j'ai directement attrapé ma liseuse pour commencer à le lire. J'étais intriguée par le One Folgate Street, cette maison intelligente dans laquelle on ne peut habiter qu'en signant un contrat imposant une liste interminable de règles extravagantes (ne pas apporter de livres, de photos, de meubles, ne laisser aucune affaire traîner, etc.). J'étais aussi intriguée par le mystère entourant la mort d'Emma, la locataire précédente, sur laquelle Jane, la locataire actuelle, va enquêter au cours de l'histoire.
Le livre est donc construit en alternant deux points de vue : celui du passé, de la fille d'avant (Emma) et celui du présent, de la fille de maintenant (Jane). Cela offre au livre un rythme excellent, sans temps mort, ce qui fait que l'on ne sait pas lâcher le livre : on enchaîne chapitre après chapitre sans pouvoir s'arrêter.
Cette construction permet également de mettre en exergue la thématique principale de ce thriller : la répétition. Le ton est donné dès les premières pages du livre puisque JP Delaney cite Freud et sa théorie de la remémoration, de la répétition et de la perlaboration (voir la première citation). Dans ce thriller psychologique, on a affaire à plusieurs personnages traumatisés qui sont condamnés à reproduire les mêmes erreurs, sans cesse : ils sont dans une spirale infernale dont rien ne peut les faire sortir. Parmi ces personnages, il y a bien évidemment Emma et Jane mais également Edward, l'architecte du One Folgate Street, ou encore Simon, l'ex-petit-ami d'Emma. Ces erreurs que les personnages répètent, on les voit se dessiner au fil des pages, lentement mais surement. L'écriture est également pensée pour faire écho à ce phénomène de répétition : on reconnait les mêmes scènes, les mêmes dialogues, les mêmes réactions, etc. Le lecteur est alors lui aussi pris au piège dans cette spirale de la répétition et c'est cela qui fait de ce livre un excellent thriller psychologique. L'aspect psychologique est également renforcé par les petits dilemmes qui sont disséminés tout au long du livre : il s'agit des questions auxquelles doivent répondre les locataires du One Folgate Street mais le lecteur ne peut toutefois pas y rester indifférent (voir la dernière citation).
À côté de cet aspect psychologique, il y a également le côté thriller avec l'enquête que mène Jane au sujet de la mort d'Emma : s'est-elle suicidée ou a-t-elle été assassinée ? Mais, s'il s'agit d'un meurtre, qui l'a commis ? Jane est-elle en sécurité au One Folgate Street ? Le rythme s'accélère au fil des pages jusqu'au dénouement où tout s'éclaire enfin. Mais est-ce pour autant fini ?...
L'analysé ne se remémore absolument rien de ce qui est oublié et refoulé, mais il l'agit. Il ne le reproduit pas sous forme de souvenir mais sous forme d'acte, il le répète, naturellement sans savoir qu'il le répète. Sigmund Freud. Remémoration, répétition et perlaboration.
Nous sommes tous coupables de répéter les mêmes phrases, d'employer les mêmes raccourcis linguistiques. Nous racontons tous les mêmes anecdotes à des personnes différentes, parfois aux mêmes personnes, souvent avec les mêmes mots. Qui ne se répète pas de temps en temps ? "Compulsion de répétition". N'est-ce pas un terme pédant pour dire que nous sommes des êtres d'habitude ?
Cet architecte n'est peut-être pas simplement un maniaque qui veut tout régenter dans sa jolie maison. Il s'agit peut-être d'une expérience. Une expérience de vie.
16. Un employé du chemin de fer, responsable d'un aiguillage, emmène son fils au travail, en violation du règlement. Il lui ordonne de ne pas s'approcher des voies. Un peu plus tard, il voit un train approcher, mais avant qu'il puisse actionner l'aiguillage, il découvre son fils en train de jouer sur la voie. L'enfant est trop loin, il ne l'entend pas. Si le cheminot n'actionne pas l'aiguillage, le train déraillera, provoquant de nombreuses victimes, mais s'il commande un changement de voie, le train va très certainement tuer son fils. Dans un cas comme dans l'autre, il n'a que quelques secondes pour courir alerter le conducteur du train ou son fils. □ J'actionne l'aiguillage. □ Je n'actionne pas l'aiguillage.
Votre avis ?
En pleine lecture, j'ai du mal à poser ma liseuse.
RépondreSupprimerBon dimanche, FLaure
Comme je te comprends ^^ Bonne lecture :)
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